Star Wars - Episode III - La revanche des Sith

De : « Neocobalt »
Objet : Star Wars – Episode III – La revanche des Sith
A : « Société de Protection des Personnages de Fiction »
Cc : public

Bonjour,

Je vous écris pour vous faire part de certains traitements infligés à un personnage et dont j’ai été témoin.
En ce dimanche 10 juillet 2005, je souhaitais m’offrir une séance ciné, « La guerre des mondes » de Steven Spielberg, pour tout vous dire. Et j’ai hésité dix bonnes minutes à faire l’achat du billet indispensable pour attendre la séance, en imaginant mon ennui qui meublerait une bonne heure de ma vie dans une file d’attente s’allongeant de minute en minute. Peu patient par nature, j’ai donc renoncé à un « blockbuster » dont la fin m’était connue d’avance, en salle prestige, pour me rabattre sur un autre film encore à l'affiche, projeté dans une petite salle de 250 places environ, et dont la fin m’était également connue : Star Wars – Episode III – La revanche des Sith.
J’ai vite trouvé une bonne place dans la salle, toute attente m’ayant été épargnée, tranquille, face à l’écran, un peu de pub, pas de soucis de clim’, et le sentiment du devoir accompli, ou en cours d’accomplissement, pour faire honneur au dernier volet d’une saga qui m’a accompagné depuis mon enfance.

1977. J’avais dix ans tout rond et je ne comprenais pas grand chose au premier film : « Il y a bien longtemps, dans une lointaine galaxie... », rien de bien précis pour se repérer, pas même un nom de rue, un code postal ou une date qui ne plongeât pas le spectateur en plein moyen-âge.
D’ailleurs, l’éreintement par quelques maîtres de la littérature de science-fiction ne tarderait point à faire état d’un préjudice infligé au genre par ce film.
Mais pardonnez-moi, je m’éloigne de l’objet de mon courrier.
Il y avait ce personnage tout en noir, avec un casque étrange, qui oeuvrait pour je ne sais quelle cause obscure. Même son étoile était noire. On appuie sur un bouton et une planète disparaît : des millions de morts, pas même un frisson.
Episodes IV, V, VI... J'ignorais qu'en son heure George Lucas se mettrait également en devoir, laborieux devoir de boucler la boucle, «IV V VI» venant après «I II III», même dans l'arithmétique romaine.
Le film commence (l’épisode III de ce jour), musique de John Williams, texte qui défile : « Il y a bien longtemps, dans une lointaine... » et puis le spectacle qui déferle. L’intrigue s’impose, s’installe, elle dure, dure, dure, longtemps, longtemps, plus longtemps que les autres, et là...
Je ne sais pas si c’était la salle qui n’était pas faite pour eux ou bien le film, mais une troupe de gamins a commencé à s’agiter, ne tenant pas en place, siège qui grince, éclats de voix, caprices agaçants, indifférence ou impuissance des parents, les chuts n’ont pas tardé, et tout cela a duré longtemps, longtemps. Je n’ai guère plus suivi l’intrigue de ce dernier volet que lors du précédent (épisode II – L’attaque des clones), bien que cette fois-ci j’avais une excuse et que l’on ne peut pas mettre ça sur le compte du scénario, mais je me suis accroché.
Un spectateur craque : « Tu les calmes tes mioches ou je dois me lever ?! ».
Mais pardonnez-moi, je m’éloigne encore du sujet qui m’amène. Est-ce par crainte de l’aborder ?

Le film commence alors vraiment. Je crois que cela a calmé les gamins ou « réveillé » les parents. Ils sortent. Enfin il me semble, car je suis scotché devant l’écran (comme je le fus il y a 25 ans de cela) : il y a vraiment quelque chose qui se passe. On n’entend plus de siège qui grince dans la salle, consumée l’agitation de l’heure passée, seulement le bruit endiablé des sabres laser qui crépitent dans la tourmente d'un drame annoncé - destin inexorable, fatalité écrite à l'encre sanglante qui s'épanche du côté obscur et mythique de la Force.

Aussi, je me dois de vous signaler les traitements pathétiques infligés à un personnage sacrifié sur l'autel du devoir, un certain Anakin Skywalker. Enfin, je vous en ferai compte rendu prochainement, une autre fois si vous n’y voyez pas d’inconvénient, car je suis encore sous le choc. Mais je tiens à vous faire savoir que de tels traitements relèvent à mon sens de l’acharnement scénaristique pour donner naissance dans la douleur à un personnage, certes le plus sombre de toute l’histoire du cinéma à ce jour : Dark Vador.

J’espère que vous serez sensible à son sort et qu’un nouvel espoir lui sera donné par la providence de la fiction et de la toute puissante caste des scénaristes, en attendant un souhaitable retour.

Espérant de vos nouvelles,
A l'occasion de cet évènement,
Cordialement,
Neocobalt, le dimanche 10 juillet 2005.