L’Armée des 12 singes (1995)

Titre original :

Twelve monkeys

Réalisé par Terry Gilliam
Scénario de David Peoples & Janet Peoples
Inspiré du film « La jetée » écrit par Chris Marker
Avec Bruce Willis (James Cole), Madeleine Stowe (Dr. Kathryn Railly), Brad Pitt (Jeffrey Goines)

Ce film de Terry Gilliam est librement inspiré de “La jetée”, court métrage français en noir & blanc des années 60.

2035 : James Cole, prisonnier condamné à perpétuité, croupit dans un cachot, hanté depuis longtemps par un rêve énigmatique.
Son monde : sous terre, sa vie : survivre, comme tous les rescapés du mystérieux virus qui décima en 1997 la quasi-totalité de la population mondiale… 5 milliards d’individus.
James Cole est sans avenir, quand une chance de réhabilitation lui est offerte : le passé. Pour cela, il doit être envoyé en 1996 pour en rapporter des indices sur le virus.
Il débarque et subit aussitôt ses premiers déboires, rencontrant Jeffrey Goines, fils rebelle et détraqué d’un savant qui joue avec le feu de la science, ainsi que le docteur Kathryn Railly, psychiatre, qui va tenter d’élucider avec lui les signaux lancés par une association secrète connue sous le nom de l’Armée des 12 singes...

Sur le motif du voyage dans le temps, James Cole est un anti-héros, pouvant devenir violent, oscillant entre raison et folie. Quant à Jeffrey Goines, malade mental, il rêve de changer le monde. Et Kathryn Railly, perdant ses repères, est en proie au doute, se heurtant à ses pairs, gardiens de la raison.

Dans un délire artistique, Terry Gilliam nous présente un film déjanté, une oeuvre singulière, un scénario robuste au service d’une histoire fascinante et palpitante, mâtinée d’un parfum glauque, parfois morbide et déroutant.
La musique, obsédante, accompagne une vision futuriste pessimiste, celle de l’apocalypse.

Au-delà, nous trouvons une réflexion sur le temps, le réel et l’imaginaire, sur la folie, sur la société, sur les risques technologiques, sur la mort, le destin et le libre-arbitre, mais aussi sur l’amour.

Parabole sur la raison et le doute, l’Armée des 12 singes nous donne à réfléchir sur la nature du temps, les limites de la raison, la fuite de la réalité, et la nature de la réalité elle-même.
James Cole est amené à rejeter la réalité de son temps, 2035, et à adopter celle d’un passé qui n’est pas vraiment le sien, quoique...
Quand il rejette son temps, son monde, il rejette ce qu’il croit être sa folie et une illusion. C’est ce rejet qui le conduit à fuir son monde, de 2035, et à tout faire pour rester dans celui du passé, celui de 1996. Car sa raison meurtrie et le désespoir de son époque lui font croire qu’il ne peut y avoir deux réalités distinctes, deux mondes bien réels.
Il ne lui reste alors qu’une chose de sûr, l’amour qui naît et grandit entre Kathryn Railly et lui-même, la seule chose à laquelle il peut se raccrocher vraiment.

Ce film, d’un genre dont seul Terry Gilliam a la recette, mérite d’être découvert et redécouvert, sans cesse.

Neocobalt, le dimanche 02 novembre 2003.

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