La petite histoire de Etoiles mortes de Jean-Claude Dunyach mérite que l’on s’y intéresse.
Editées pour la première fois en 1991 chez Fleuve noir « Anticipation » en 3 volumes :
L’ensemble a été réédité chez J’ai lu, science-fiction n°5529, en 2000.
Les deux volumes dont je dispose, de la première édition, collection Fleuve noir
« Anticipation », représentent seulement la première partie de cet ensemble : Nivôse et
Aigue-marine, qui se dispense du troisième volet : Voleurs de silence, « suite de nouvelles,
plus ou moins artificiellement reliées entre elles, une suite de rêves et de cauchemars,
créations artistiques de Closter et des Animaux Villes » nous dit l’auteur de l’article
accessible à l’adresse http://www.mauvaisgenres.com/jean_claude_dunyach.htm.
Jean-Claude Dunyach nous dépeint avec un art ciselé et à fleur de peau un univers des plus
original, celui des Animaux-Villes qui « apparaissent pour la première fois dans la nouvelle
"Panamarenco" » nous apprend la même page de "mauvaisgenres.com".
A titre de présentation de l’histoire, le deuxième volume Fleuve noir « Aigue-Marine »
(Etoiles mortes – 2) inclut le résumé de la première partie (Nivôse) :
« En asséchant la Méditerranée, les hommes ont découvert une ville organique : Aigue-Marine.
Cette cité de chair possède vingt-six sœurs jumelles dispersées sur d’autres planètes
habitables, à des années-lumière de la Terre. Baptisées "Animaux-Villes", ces vingt-sept
cités, reliées par une toile immatérielle, possèdent l’étrange pouvoir de s’échanger
instantanément les occupants de leurs appartements. Ainsi, d’autres mondes peuvent s’ouvrir
à la colonisation. Mais... Loin d’autoriser l’émigration, les riches de la Terre ont acheté la
totalité d’Aigue-Marine et de ses sœurs. Le Cartel des Propriétaires contrôle ainsi les
échanges entre les Animaux-Villes. [...] Les rares émigrants autorisés doivent utiliser des
vaisseaux lents et voyager en hibernation [...] Les plus chanceux peuvent apprendre à projeter
leur corps astral jusqu’à leur destination et vivre ainsi sous forme de fantômes désincarnés, en
attendant l’arrivée de leur corps. Ils sont appelés les Astraux. [...] Lorsque l’histoire
commence, Closter et son chat Ombre se réveillent dans une nouvelle Ville, après un échange
[...] »
Closter, « l’artiste à la mémoire pillée » va faire une rencontre qui va bouleverser ses
échanges chaotiques de Ville en Ville : « Marika, l’Astrale dont on a volé le corps ».
Ensemble, ils vont s’engager dans une quête partagée entre la recherche de sa mémoire pour
lui et de son corps pour elle.
En une narration à la première personne, par le regard, les sentiments et les états d’âme de
Closter, conjuguée au présent, Dunyach nous dépeint, comme je l’ai annoncé précédemment,
avec un art ciselé et à fleur de peau un univers des plus original, celui des Animaux-Villes.
Le style est très pur, soigné, comme expérimental. (Dunyach s’est notamment aventuré dans
le monde de l’écrit et du style en concevant un programme informatique d’analyse sur
plateforme Apple. Peut-être l’a-t-il appliqué à la rédaction littéraire de Etoiles mortes.)
Une expression d’art littéraire, par laquelle l’auteur a su restituer la vie artistique de son
personnage, Closter, « Créateur d’équilibres ». Le style de Dunyach envahit l’histoire jusqu’à
dévorer son récit, son texte, comme pour le remplacer par une poésie mêlée à sa tendresse
pour ses personnages.
Cette force poétique et stylistique de l’auteur m’a (hélas ?) retenu à elle et, en corollaire, tenu
éloigné de l’histoire qu’il nous conte. J’en ressors après une lecture diluée sur plusieurs jours
avec la frustration de ne pas avoir suivi le fil de l’histoire avec un rythme suffisant ; trop lent.
Reste une expérience prégnante qui valait que je lise ce récit.
Expérience de l’univers de Dunyach que l’on retrouvera notamment dans Etoiles mourantes, écrit en
collaboration avec Ayerdhal.
Neocobalt, le samedi 14 mai 2005.