Titre original
Avec L’œil dans le ciel,
Philip K. Dick
nous offre une peinture délayée, en toile de fond le
Maccarthysme, une touche de tolérance pour la Russie et tout ce qui peut déplaire.
Mais déplaire à qui ?
Car que se passerait-il, qu’adviendrait-il du monde, de notre monde, si tout un chacun pouvait
nous enfermer dans son monde idéal, monde de ses rêves ou de ses tourments, reflet de son
monde intérieur ?
Dieu despote, tyrannique, jouant avec les choses et les êtres.
Tout cela est rendu possible dans le roman par l’accident du bévatron.
Voici comment tout commence dès les premières lignes du roman :
« Le déflecteur du faisceau protonique du bévatron de Belmont trahit ses inventeurs le 2
octobre 1959, à quatre heures de l’après-midi. Ce qui se produisit, ensuite, ne dura qu’un
instant. N’étant plus convenablement réfléchi, et ne se trouvant donc plus contrôlé, l’arc de
six milliards de volts jaillit vers le plafond de la salle, brûlant tout sur son passage, et
notamment une plate-forme d’observation qui surmontait le puissant aimant torique. Huit
personnes se trouvaient à ce moment-là sur la plate-forme : un groupe de visiteurs et leur
guide. Lorsque la plate-forme s’effondra, les huit personnes tombèrent sur le sol de la salle du
bévatron et y restèrent, blessées ou plongées dans le coma, jusqu’à ce que le champ
magnétique ait été interrompu et les radiations dures partiellement absorbées. »
Aux éditions 10 18, « Domaine étranger », N° 3248, L’œil dans le ciel par Philip K. Dick est
traduit de l’américain par Gérard Klein, titre original : Eye in the sky.
Ce roman, indique l’éditeur, a paru une première fois en 1959 sous le titre Les mondes
divergents, dans la collection « Les cahiers de la science-fiction », Editions Satellite, Paris. La
présente traduction a été entièrement révisée et diffère sensiblement de celle de la première
publication.
Les droits reviennent à A.A. Wyn, Inc., 1957, et au Editions Robert Laffont, 1976, pour la
traduction française.
Avec un récit tournant à la rengaine, comme à un cours que l’on redoublerait sans cesse,
Philip K. Dick parvient à visser en nous la leçon : leçon de tolérance, et d’histoire aussi, datée
des années 50.
Une leçon, clef de voûte de la thématique sociale de Dick dans son œuvre, avant son envolée
épique à l’orée des années 70.
Car avec Ubik, et plus tard avec la controversée Siva, une flambée mystique annoncée par
certains et critiquée par d’autres consuma les dernières pages de l’auteur.
Sachez cependant une chose : vous ne trouverez pas le mot « fin » en dernière page, même si
le dénouement culmine en un retournement de situation nerveux et efficace. D’un coup d’œil
avisé, vous pourrez apercevoir L’œil dans le ciel, celui de Dick, qui de là-haut vous soufflera
à l’oreille : « Revenez dans mon univers quand vous voudrez. Vous êtes les bienvenus chez
moi. »
Neocobalt, le samedi 14 février 2004.