Le virus de la fantasy

La science-fiction s'enrhume

 

La fantasy est-elle un virus ?
A en croire la percée du genre depuis Le seigneur des anneaux et Conan le barbare, on ne peut rien soupçonner de tel, si ce n'est apprécier la teneur hautement imaginative du genre.
Dès lors, pourquoi se poser une question aussi abrupte ?

Si la science-fiction s'intéresse au comment et au pourquoi de faits fictifs empreints de science, la fantasy substitue la magie à la science, héritant en cela des beaux attours de la SF (la science-fiction).
Substituer la magie à la science, c'est le premier pas de la fantasy sur les plates-bandes de la SF. Mais la fantasy ne commet pas là son premier crime. Je ne lui jetterai pas la pierre pour autant.

De nos jours, un flou animiste, le succès effarant des "sciences" occultes, et la prolifération des horoscopes génériques et bateaux envahissent notre quotidien, nous plongent dans le mysticisme et la déresponsabilisation, lobotomisant à l'envie notre esprit critique.
La faute en revient à la fantasy ?
Non, bien sûr. Nul grief encore.

Nous approchons seulement d'un sentiment que notre monde bouge, aspire à autre chose que la science ne lui apporte pas, ni même la religion, encore moins la philosophie, alors que le commun des mortels bataille pour une orthographe et une syntaxe acceptables.

Cela exprimé, pourquoi la fantasy serait-elle un virus ? Pourquoi, comme le ferait un virus, rongerait-elle la science-fiction au point de lui faire perdre son essence ?

Mon constat est le suivant... A l'heure où l'on ne respecte plus les genres, au point de les mélanger dans un même sac fourre-tout, la fantasy s'infiltre bien souvent sur le territoire de la SF, dans les rayons littéraires en particulier, n'osant pas encore y apposer son étiquette, y planter son étendard. La fantasy s'approprie du même coup la SF, son aura, son crédit séculaire, jusqu'à son Prix Hugo.
La fantasy gagne même les faveurs du public au cinéma (Harry Potter, Le seigneur des anneaux).

Submergée, la SF est envahie de produits dérivés qui déforment son image aux yeux du public, un public qui aime la SF, mais qui, au bout du compte, ne sait plus ce qu'est la science-fiction.
La fantasy y est pour beaucoup dans ce culturocide.

Je n'apprécie que modérément cette OPA, la phagocytose de la fantasy sur la SF.

Pour le reste, je continue à croire que les virus ont aussi le droit de vivre ;-)