Les hérétiques

Nul Paul Atréïde dans ce texte. Nul élu chevauchant quelque ver des sables au creux des dunes d'Arakis.
Les hérétiques dont il sera question ici sont ceux de la science.
Quel rapport avec la science-fiction ?
Découvrons-le dans les lignes qui suivent...
Professant ou soutenant une «hérésie», qui sont ces hérétiques ?

L'hérésie, en grec hairesis signifie «choix», un choix jugé contraire aux idées et conceptions généralement admises.
Et l'hérétique est une personne qui transgresse les dogmes de l'Eglise.

La religion n'est pourtant pas la seule à «excommunier» ses dissidents, à les bannir. Et comme il ne peut y avoir d'hérésie sans dogme, la science fédère les siens autour de paradigmes, autant de théories dominantes imposant un corset aux scientifiques, bridant leur plasticité intellectuelle et leur audace.
Nulle raison d'ascendance divine. Les raisons sont supérieures, certes ; les enjeux politiques, militaires ou économiques entravent les recherches des scientifiques. Le «bon» scientifique a tendance à privilégier les observations (positivistes) en accord avec le paradigme, au détriment des thèses alternatives. Cette marche enferrée, inertie préjudiciable, bute contre la force nouvelle des observations alternatives lorsque celles-ci deviennent majoritaires.

L'hérétique sort de la norme. Il se met en marge, excentrique, révolutionnaire, agitateur, voire «fou à lier». Car son choix est de privilégier la thèse alternative, de mettre en question la thèse officielle, de contredire le «dogme» d'une science figée, sclérosée.

L'hérésie est «l'antimatière» du dogmatisme, son contre-pouvoir. Leur couple paradoxal est le symptôme d'une profonde instabilité.
Nous trouverons notre salut, arpentant le chemin de la rigueur et de l'idéalisme, virvoltant d'un esprit critique sur les hautes branches du paradoxe, de la spéculation science-fictionnelle et de l'imagination débridée.
Cela ne vous rappelle rien ?

... La science-fiction.

Neocobalt, le 28 décembre 2001.
Cet article est librement inspiré du dossier «Les hérétiques de la science» de Sciences et avenir (janvier 2002).