« Les promoteurs du film [Blade Runner]
voulaient à tout prix une novélisation à lancer simultanément sur le marché.
Galen [l’agent de Dick], lui, considérait que c’était Les Androïdes,
et non quelque resucée bâclée, qu’on devait rééditer sous le titre
Blade Runner
comme produit dérivé. »
Les promoteurs proposaient un à-valoir et un pourcentage sur produits dérivés attractifs si
Dick écrivait lui-même la novélisation.
« Les Androïdes, son roman, serait mis au rencard. »
Si Dick refusait, « les promoteurs conserveraient de toute façon le droit de publier […] un
produit dérivé […] sur lequel il ne toucherait pas un sou. De plus, tout éditeur décidant de
republier Les Androïdes serait contraint de le faire sous son titre original […] »
Face à ce choix mercantile, Dick se voyait proposer un contrat pour un roman de
littérature générale, ce qui représentait son ambition depuis toujours. Il avait ainsi le choix entre se
brader : « une bête novélisation tocarde » du film d’un autre, adapté de son propre roman à
jeter aux oubliettes, ou bien satisfaire son ambition de toujours et préserver sa fierté.
« Dick venait d’un milieu d’écrivains [disait Galen] qui tirent la langue pour vivre de leur
plume, et pour lui, l’argent n’était certainement pas sans importance. »
« On parvint finalement à un accord aux termes duquel Les Androïdes ressortiraient sous le
titre Blade Runner
moyennant 1 % de royalties reversés aux promoteurs du film. »
Dick n’avait pas eu la volonté et l’énergie de novéliser
Blade Runner pour l’argent, même s’il
en reconnaissait l’intérêt. Il était las, « mortellement las ».
Philip K. Dick s’éteignit moins d’un an plus tard.
Les citations sont extraites du livre de Lawrence Sutin,
Invasions divines, Philip K. Dick, une vie.
Neocobalt, le lundi 12 avril 2004.